Election présidentielle 27 avr 2017

Nos valeurs

par Jacques Fansten, président de la SACD, et Pascal Rogard, directeur général.

SACD - nos valeurs

Les Français ont tranché, le second tour de l’élection présidentielle opposera le candidat d’En Marche !, Emmanuel Macron à Marine Le Pen, la présidente du Front National.

De bout en bout, cette campagne aura été hors-norme. Hors-norme car elle aura difficilement permis une confrontation des projets, notamment concernant la culture, absente des débats, ce que nous regrettons profondément. Hors-norme car elle aura vu les 2 partis qui structurent la vie politique depuis de nombreuses années être battus. Hors-norme aussi car on peut être sûr que le visage de la présidence française changera profondément après le 7 mai.

La SACD n’a pas vocation à se faire le soutien et le porte-parole de quelque responsable politique que ce soit. Et elle ne le fera pas. Mais, elle ne saurait rester muette quand les échéances politiques sont aussi essentielles pour l’avenir de notre pays et de nos concitoyens comme pour la création et les auteurs.

Nous ne serions pas à la hauteur de l’héritage de Beaumarchais si nous oubliions qui nous sommes, le message que nous défendons et les valeurs que nous portons.

La liberté d'expression, que nous défendons avec acharnement, c'est-à-dire le respect des auteurs et de leurs différences, la possibilité de laisser tous les regards sur le monde se déployer.

La liberté de créer : une politique culturelle ne peut pas se limiter à la protection du patrimoine, elle doit se préoccuper d'abord des artistes vivants et de la création contemporaine.

Le partage des cultures, diverses et complémentaires. La culture est, avec l'éducation, le premier vecteur d'émancipation, de compréhension mutuelle et de solidarité. Elle va de pair avec le refus absolu de la xénophobie.

L'éducation artistique : une politique culturelle tournée vers l'avenir doit la remettre au cœur de son projet.

La démocratisation culturelle : elle réclame un nouvel élan, notamment par une meilleure circulation des œuvres et des possibilités d'accès pour les populations qui en sont éloignées. Mais aussi par la lutte contre les inégalités que subissent notamment les femmes et les minorités.

Le dialogue des cultures qui ont besoin les unes des autres. Une culture vivante ne peut être recroquevillée sur elle-même ou cantonnée dans ses frontières, elle est ouverte sur le monde, elle porte sa langue et sa particularité sans tourner le dos aux autres. Si nous nous sommes tant battus pour l'exception culturelle, qui n’est pas française mais universelle, c'est-à-dire pour exclure la culture des traités commerciaux, c'est parce qu'elle est l'outil indispensable de la diversité culturelle.

Ce sont là quelques-uns des enjeux réels pour les 5 ans à venir.

C’est une ambition française mais c’est aussi indéniablement une ambition européenne.

Nous sommes les premiers à être critiques devant l'état d'une construction européenne trop technocratique et trop désincarnée. Elle s'est éloignée des peuples européens comme elle a malheureusement creusé un fossé d'incompréhension avec les créateurs. En accordant souvent une importance excessive aux géants mondiaux de l'Internet au détriment de de la vitalité et de la diversité de la création européenne, elle a souvent fait fausse route. Pour autant, l’avenir de la politique culturelle ne pourra pas se passer sans l'Europe ou hors de l'Europe. L'Europe doit écrire une nouvelle page de son histoire, au sein de laquelle la France doit porter de manière crédible et audible cette politique ambitieuse. Ce serait une erreur et une résignation coupable que de renoncer à construire cette Europe de la création. Nous en avons besoin.

Le 7 mai, nous sommes appelés à voter pour décider de l’avenir de la République et de la société dans laquelle nous voulons vivre. C’est aussi le sort de la politique à l’égard de la création et des auteurs qui se jouera. Chacun sera libre de son vote mais il n’était pas concevable pour nous de ne pas rappeler les valeurs qui nous animent et qui doivent rester au cœur de la politique culturelle française. Il n’était pas plus envisageable de ne pas vous inviter à prendre toute votre part à cet exercice démocratique. Car, au final, la culture, c’est aussi la citoyenneté.