Théâtre 03 fév 2020

Présentation de l'étude sur la place des écritures contemporaines et des auteurs dramatiques vivants francophones

Dans une étude réalisée sur la saison 2016-2017 avec le concours de la SACD, la DGCA a pu prendre la mesure de la place accordée aux écritures contemporaines dans la programmation des scènes labellisées. Il en ressort que si l'auteur dramatique contemporain francophone est bien représenté dans la programmation, il a des raisons objectives de se sentir déconsidéré.

Le 3 février dernier, Stéphanie Chaillou, inspectrice de la création artistique au sein de la DGCA au Ministère de la Culture, a présenté au Théâtre de La Colline les conclusions du premier volet d'une étude sur la place des écritures contemporaines et des auteurs dramatiques vivants francophones dans la programmation de la saison 2016-2017 des Centres dramatiques nationaux (CDN), Théâtres nationaux et Scènes nationales.

La SACD a prêté son concours à la conduite de cette étude en fournissant les chiffres dont elle disposait relatifs aux 72 Scènes nationales que compte le territoire. En tout ce sont 2 053 spectacles dramatiques programmés dans 114 structures labellisées qui ont été observés afin de chiffer concrètement la présence des auteurs dramatiques vivants francophones, de mesurer ce que recouvre aujourd'hui la notion d'écriture dramatique et d'évaluer la pertinence d'un sentiment partagé par de nombreux acteurs du secteur selon lequel les textes dramatiques auraient disparu, au profit d'une généralisation de l'écriture de plateau. 

Les écritures théâtrales d'aujourd'hui bien majoritaires

Les conclusions de l'étude pointent deux tendances fortes, qui structurent le paysage de la création théâtrale contemporaine française :

1) la place prépondérante non seulement des écritures contemporaines mais plus encore des écritures d’aujourd’hui dans le répertoire des structures labellisées

L'étude relève que 75 % des textes joués ont été écrits après 1950 et que 64 % des textes joués ont même été écrits après 2001.

2) la place majeure des spectacles mettant en scène un texte dramatique préexistant

Parmi les  2 053 spectacles dramatiques observés, 55% d’entre eux mettent en effet en scène un texte dramatique préexistant.

Les spectacles sans texte préexistant que l'on peut assimiler aux écritures de plateau constituent seulement 10% des spectacles programmés.

Au croisement de ces deux tendances, les « spectacles mettant en scène un texte dramatique préexistant écrit après 2001 » constituent la catégorie de spectacles la plus largement représentée : 35 % du total des spectacles dramatiques.

Des auteurs vivants francophones souvent joués

Contre toute idée d’une disparition des auteurs dramatiques vivants francophones dans les programmations des théâtres, l'étude pointe qu'ils représentent près de la moitié (48 %) des auteurs dramatiques joués, quand les auteurs dramatiques eux-mêmes constituent 70% du total des auteurs.

En revanche, la faible présence des autrices dramatiques pose problème, ces dernières constituant à peine un tiers (28 %) des auteurs dramatiques vivants francophones joués.

Autre constat : la forte proportion d’auteurs qui sont également metteurs en scène puisque ces derniers représentent à eux seuls plus de la moitié (61%) des auteurs dramatiques vivants, celle non négligeable des collectifs d’auteurs qui représentent 16% du total des auteurs, celle enfin des concepteurs (et/ou metteur en scène) qui signent 14% de spectacles dramatiques ne mentionnant aucun auteur ; autant d’éléments qui attestent d’une évolution du statut de l’auteur dramatique.

Une distorsion entre ressenti et réalité

Pour autant, entre une réalité statistique qui laisse entrevoir un horizon encourageant pour la présence des écritures contemporaines francophones dans les théâtres et le ressenti des auteurs, souvent plus négatif, il y a un écart important qui interroge.

Selon les rédacteurs de l’étude, ce malaise réel chez les auteurs et autrices pourrait s'expliquer par plusieurs facteurs  :

  • l’absence de toute réglementation et de charte relative aux conditions de rémunération des auteurs dramatiques, qui les place en position de faiblesse
  • la structuration de la chaîne de production des spectacles qui donne la primauté et let au centre de tout le metteur en scène.  Elle place les écrivains de théâtre en position d'attente et de dépendance et les empêche de pouvoir porter leurs création, ni économiquement ni même symboliquement.

A l’issue de la présentation, Sylviane Tarsot-Gillery a indiqué vouloir travailler sur ces pistes de réflexion pour améliorer la situation des auteurs. La publication prochaine du second volet de l’étude de la DGCA, qui sera consacré précisément à la politique de soutien des CDN aux auteurs vivants du théâtre francophone, apportera de nouvelles informations et observations. Nul doute qu’elles seront très utiles pour préparer l’avenir de la politique de soutien aux écrivains de théâtre.

 

Consulter l'étude