Cannes 2018 12 mai 2018

Xavier Lardoux : « Une étude avec la SACD sur la phase d’écriture dans le cinéma et les séries »

Le directeur du cinéma au CNC était l'invité de la SACD sur son stand cannois le 11 mai.

Après les directrices Cinéma de France 2 et France 3, la SACD recevait à Cannes Xavier Lardoux. Le directeur du cinéma au CNC est revenu au cours de sa rencontre avec les auteurs sur le bilan et les perspectives d’actions du CNC. En premier lieu, c’est l’heure du bilan pour l’accord sur les engagements de programmation et de diffusion signé par tous les professionnels à Cannes il y a 2 ans. Cet accord visait deux objectifs : éviter la concentration des films dans les salles par l’intermédiaire des engagements de diffusion que doivent prendre les multiplexes de plus de 8 salles ; garantir un accès facilité des films art et essai porteurs aux salles situées dans des petites villes grâce aux engagements pris par les distributeurs.

Pour Xavier Lardoux, les engagements de programmation des exploitants sont plutôt bien respectés. Pour autant, deux points restent problématiques :

  • le non-respect de l’obligation de conclure un contrat écrit entre distributeur et exploitant. Pour remédier à cette situation, le CNC travaille à un projet contrat type simplifié par mail, qu’il présentera d’ici l’été.
  • la tenue des films à l’écran au moins 15 jours afin d’éviter la rotation trop raide des films qui empêche les spectateurs d’avoir accès aux œuvres.

Cet accord n’est pas un accord figé. Il a d’ailleurs été complété par un décret du 7 avril 2018 qui a  élargi les engagements de programmations aux complexes de plus de 6 écrans. Aujourd’hui, la prise de ces engagements concerne 30% du parc de salles et représente 70% de la fréquentation. Le décret a aussi créé une nouvelle obligation pour les salles pour qu’elles prennent, dès janvier 2019, des engagements de promotion des films via des bandes-annonces ou par de l’affichage gratuits.

A partir du 1er juillet 2018, afin de faciliter le respect des engagements de diffusion par les distributeurs, les règles de classification art et essai vont évoluer. Désormais, le classement art et essai ne se fera plus a posteriori mais 5 a 6 semaines avant la sortie en salles.

Aider les films de genre

Le CNC attend également une nouvelle révolution dans l’application du Code du Cinéma. Pour la premier fois, va être mise en place la Commission du Contrôle et de la Sanction, présidée par un conseiller d’Etat et dont la mission sera de s’assurer du respect des obligations et des engagements pris. Le contrôle des engagements de programmation, de diffusion et de promotion en fera naturellement partie.

Le mouvement de réforme a également concerné le dispositif de l’agrément qui permet de calculer le soutien automatique des producteurs. La réforme actée ces derniers mois visait à mieux épouser les conditions de la production actuelle et a poursuivi 3 objectifs majeurs :

  • accompagner l’évolution des métiers face au numérique ;
  • relocaliser les dépenses en France ;
  • renforcer la place et le poids des auteurs dans le barème de l’agrément. Le nombre de points affectés au poste auteurs dans le calcul de l’agrément a été augmenté au détriment des producteurs et un poste supplémentaire a été affecté aux scénaristes au sein de la Commission d’agrément.

Lors de ces échanges, Xavier Lardoux est revenu sur la mise en place prochaine d’une aide spécifique pour les films de genre. Un fonds de 1,5 millions d’euros a été degagé avec la volonté d’aider massivement quelques projets et d’éviter tout saupoudrage. L’idée est de soutenir 3 films à hauteur de 500 000 € chacun. C’est une commission, présidée par la cinéaste Julia Ducourneau, qui examinera et décidera de l’allocation des fonds. Ils devront en tout cas aller à des projets de film gore, d’horreur et de science-fiction. Pour l’avenir, le CNC ne s’interdit pas d’élargir le champ à d’autres genres (comédie musicale...).

Mieux financer la phase d'écriture

Parmi les difficultés centrales du cinéma français, le CNC a aussi identifié la phase d’écriture et de développement sur lesquelles, selon Xavier Lardoux, « on ne passe pas assez de temps et on ne dépense pas assez d’argent ». C’est pourquoi il a confirmé le lancement d’une étude avec la SACD pour avoir une photographie exacte et précise de la phase d’écriture sur le long métrage comme sur les séries. Le but : savoir combien les producteurs dépensent pour l’écriture, combien de temps elle dure, quand les auteurs sont payés... Cette photographie servira aussi, le cas échéant, à prendre des mesures adéquates.

Interpellé ces derniers jours dans la presse par un certain nombre de producteurs sur les difficultés de la production indépendante, Xavier Lardoux a tenu à rappeler que, face à la raréfaction de certains investissements d’opérateurs privés, le soutien public était aujourd’hui un élément essentiel pour accompagner la production : les crédits du CNC ont pour certains été augmentés ou pour les autres étaient maintenus ; les crédits d’impôts ont été élargies les années précédentes sous l’impulsion du CNC et représentent  aujourd’hui un montant annuel de plus de 280 millions d’euros ; enfin, la nouvelle génération de conventions entre le CNC et les régions vient abonder de 140 millions d’euros par an le financement du CNC. En résumé, « il y a un investissement public qui est décisif pour les productions. »

Ce soutien public du CNC trouve notamment à s’illustrer dans les différentes sélections à Cannes puisque sur 120 films présentés, 64 sont soutenus par le CNC et notamment 25 bénéficient de l’aide au cinéma du monde. 

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