Cinéma et télévision 06 fév 2023

Hommage à Louis Velle

La réalisatrice Caroline Huppert, administratrice de la SACD et Jean-Louis Blaisot, ancien directeur administratif et financier, saluent la mémoire de l'auteur et acteur qui tint aussi un rôle décisif au comité financier de la société. 

Hommage de Caroline Huppert

Louis Velle nous a quittés le 2 février 2023 à l’âge de 96 ans. À la SACD, beaucoup l’ont connu et ne l’oublieront pas. Élu plusieurs fois au Conseil d’administration, membre actif du Comité Financier, Louis Velle a marqué tous ceux qui l’ont côtoyé par sa courtoisie, sa culture et sa grande gentillesse. Il était, selon les expressions consacrées un honnête homme, un gentleman. Au bel hommage de la ministre de la Culture, j’ajouterai simplement que, réalisatrice, j’ai eu la chance de travailler avec cet homme exceptionnel, et aussi avec son épouse Frédérique Hébrard.

J’ai d’abord connu le comédien, interprète dans un de mes téléfilms, puis l’auteur, scénariste avec Frédérique Hébrard de la mini-série  Les Châtaigniers du désert (2010). Nous avons tourné à Valleraugue, le village cévenol où la famille Velle s’était choisie un refuge au bout d’un chemin escarpé. Là, loin des tracas de la ville, Frédérique et Louis travaillaient sans relâche, lisaient, écrivaient, des romans, des pièces, des scenarii. Dans Les Châtaigniers…  Louis interprétait le personnage du châtelain retiré sur les terres protestantes des Cévennes chères au cœur de Frédérique, fille de l’historien et écrivain André Chamson. Pendant les repas pris avec l’équipe, Louis nous réjouissait par les récits de ses débuts au théâtre, sa familiarité avec Maurice Chevalier, et bien d’autres anecdotes. Il aimait évoquer - je devrais dire invoquer - le passé, toujours émerveillé d’avoir rencontré tant d’artistes, tant de personnalités intéressantes. La modestie n’était pas la moindre de ses qualités, car s’il revenait sur son parcours, c’était toujours pour louer le talent des autres.

Lorsque, élue au CA, j’ai retrouvé Louis Velle à la SACD, j’ai découvert ses compétences en placements boursiers, et sur ce plan notre société lui doit beaucoup. Chef de file du Comité financier, il a gardé, au fil des années, un dialogue constant avec le gestionnaire des fonds, qu’il appelait au téléphone tous les matins. 

Louis Velle était curieux de tout, il s’intéressait à l’économie, à l’art, au théâtre, au cinéma, à la télévision, et plus généralement, à la marche du monde. Il était fier de ses trois enfants, François, scénariste et réalisateur, Nicolas, producteur, et Catherine, écrivain, et de ses petits-enfants. Avec Frédérique Hébrard il a formé un couple magnifique. Elle fut pendant leurs 70 ans de vie commune, son amour, sa muse, son associée. Leur jolie maison des Yvelines, chargée de souvenirs et de livres, accueillait chaleureusement famille, amis, et collaborateurs.

Adieu Louis, tu étais gourmand de la vie qui s’offrait à toi. C’était sûrement ton secret du bonheur. 

Caroline Huppert, réalisatrice et administratrice Télévision de la SACD

 

La cérémonie religieuse aura lieu le 10 février à 14h30 en l'église de Morainvilliers dans les Yvelines.

 

Hommage de Jean-Louis Blaisot

Souvenirs d’un auteur « financier »…

Avec Louis Velle, qui vient de nous quitter à plus de 96 ans, disparait un auteur et un comédien de grand talent.

Mais, bien que le jeune téléspectateur que j’étais dans les années 70 se souvienne encore du sémillant diplomate qu’il incarnait avec charme et humour dans La Demoiselle d’Avignon (série et rôle qui - entre autres - le rendirent populaire auprès du grand public), ce n’est pas l’auteur ou le comédien que je souhaite évoquer ici, mais l’homme qui -pendant plus de 35 ans - fut pour la SACD un précieux conseiller pour la gestion de ses capitaux patrimoniaux, et qu’en tant que directeur administratif et financier de la Société de 1997 à 2020, j’eus donc le plaisir de côtoyer très régulièrement. 

Initié presque par hasard aux arcanes de la Bourse et des placements financiers, Louis s’était rapidement intéressé à ce sujet, parallèlement à sa carrière professionnelle, et son bon sens, son intelligence des marchés, ainsi qu’une certaine forme d’audace, lui avaient vite permis d’acquérir une expérience sur le sujet, reconnue  parmi ses confrères et au-delà.

Car -comme il se plaisait  à le souligner, lorsqu’on l’interrogeait sur son goût pour la Bourse et les placements-,  il ne «  boursicotait » pas : il « investissait » ! Ce qui passionnait Louis en effet, c’était le choix des « valeurs », c’est-à-dire la connaissance des sociétés dont l’activité, les perspectives économiques et le parcours boursier présentaient à ses yeux  un intérêt  d’investissement.

C’est pour cette raison qu’au début des années 80, Jean Matthyssens, à l’époque délégué général de la SACD, l’avait sollicité pour participer au comité financier - composé de sommités bancaires et économiques - qui guidait la Société sur la gestion de ses capitaux à long terme. Louis y prit rapidement un ascendant que justifiaient ses compétences, et c’est ainsi que pendant plus de 35 ans, il mit celles-ci au service de la Société, en la conseillant chaque mois sur la gestion de son patrimoine financier, d’abord au travers d’un portefeuille de valeurs mobilières gérées via un agent de change, puis du fonds commun de placement « SACD INVESTISSEMENT », créé en 1992 à l’initiative de mon prédécesseur Philippe Beauvillard.

Eclairée des conseils et des suggestions de Louis, cette gestion a permis - malgré les crises financières qui émaillèrent la période - de dégager des plus-values et revenus qui constituèrent pour la SACD une source de produits financiers et de valorisation importante du patrimoine commun des auteurs. 

La Société lui avait d’ailleurs marquée sa reconnaissance, en lui décernant dans les années 90 une des médailles Beaumarchais, qui honorent chaque année ceux qui ont œuvré par leur action dans l’intérêt des auteurs. Et - en dépit de sa modestie - Louis s’enorgueillissait à juste titre d’être le seul auteur à qui cette récompense avait jamais été accordée…

Au-delà de ses conseils d’investissement avisés, les rencontres mensuelles avec Louis - prolongées en général par un déjeuner amical avec les autres auteurs qui peu à peu avaient rejoint le comité financier - étaient par ailleurs l’occasion d’apprécier sa grande urbanité, sa curiosité pour tous les arts, et de partager ses souvenirs souvent drôles et toujours savoureux sur l’univers du cinéma, du théâtre et de la télévision, dont il avait écrit - seul ou très souvent avec son épouse Frédérique Hébrard - de nombreuses et belles pages.

Pour tout cela, que Louis Velle soit largement remercié !!!

Jean-Louis Blaisot, ancien directeur administratif et financier de la SACD