Audiovisuel 05 aoû 2020

Maintien de France 4 : un incompréhensible sursis

Après plusieurs mois d’hésitations, l’annonce du décalage à 2021 de la disparition de France 4 est désormais officielle.

A quelques jours du 9 août, qui devait sceller la fin de la chaîne de France 4, le gouvernement vient d’annoncer le maintien pour un an de cette offre jeunesse du service public. Après plusieurs mois d’hésitations, l’annonce du décalage à 2021 de la disparition de France 4 est désormais officielle.

Après une période de confinement qui a mis en avant cette chaîne indispensable de l’audiovisuel public dédiée à la jeunesse dans un pays encore marqué par une vive fracture numérique, la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, a, à juste titre, compris que la survie de France 4 s’imposait dans l’immédiat. 

Pour autant, le combat doit être poursuivi car l’avenir de France 4 mérite mieux que le sursis provisoire et inquiétant d’un an qui vient d’être acté. Ce sursis ne traduit ni une stratégie ni une ambition et encore moins le désir de doter le service public des moyens de s’adresser à la jeunesse. 

Pourtant, reconquérir la jeunesse, construire de nouveaux liens avec les jeunes sur tous les réseaux sont des défis majeurs et de long terme pour l’audiovisuel public. Ils le sont partout en Europe où aucun groupe public n’a fait le choix désastreux de se séparer d’une chaîne hertzienne dédiée à la jeunesse. Ils le sont aussi en France où la question de la survie de France 4 devra de façon incompréhensible se reposer d’ici 12 mois.  

Comment comprendre le satisfecit général et justifié adressé à France 4 et au service public à la sortie de la crise et le sursis d’un an accordé, qui pourrait être suivi d’une condamnation à extinction ? Comment accepter cette logique qui empêche toute visibilité et continuité pour l’action du service public ?

La SACD rejette la perspective de la disparition de cette chaîne hertzienne et restera pleinement mobilisée pour que la politique jeunesse de l’audiovisuel public puisse continuer à reposer, au-delà de cet horizon d’un an, sur deux jambes : une offre numérique renforcée, consolidée et étendue ; une chaîne hertzienne pour la jeunesse accessible à tous, partout et gratuitement.

Le maintien à plus long terme de France 4 n’interdit d’ailleurs pas une évolution de sa ligne éditoriale. Déjà esquissée dans le projet de Delphine Ernotte avant sa reconduction à la tête de France Télévisions pour 5 ans, la reconfiguration de France 4 autour d’une offre d’animation globalement confortée, mais aussi complétée par des programmes éducatifs et pédagogiques, ferait tout à fait sens pour la chaîne qui a été la plus grande école de France durant près de 3 mois.

Pour ce faire, nous avons tous, auteurs, professionnels de la création, parents et enfants, besoin d’un gouvernement qui fasse rapidement le seul choix valable, cohérent et crédible : donner un avenir durable à France 4 pour garantir un service public à la hauteur de ses missions envers de la jeunesse. 

A cet égard, la SACD tient à remercier tous les parlementaires, députés et sénateurs, de l’opposition comme de la majorité, qui ont plaidé depuis 2 ans contre la disparition de France 4. Elle n’oublie pas non plus les présidents de régions, en particulier Xavier Bertrand, Président des Hauts-de-France, qui ont demandé sans relâche son maintien. Leur engagement sera bienvenu dans les prochains mois.