Audiovisuel 02 nov 2015

Rachat de Newen par TF1 : il faut préserver la création et France Télévisions

Alors que TF1 a engagé des négociations exclusives avec le groupe de production Newen en vue d'en acquérir une participation majoritaire, la SACD fait part de sa vive inquiétude face à un projet qui pourrait affaiblir France Télévisions.

La prise de contrôle de Newen par TF1 comporte deux risques majeurs pour l'audiovisuel public : l'augmentation des tarifs des œuvres produites par Newen pour le service public afin de favoriser TF1 et la diminution des marges de manœuvre financière de France Télévisions ; la privation de droits pour le service public, notamment sur les programmes récurrents qui sont souvent à la base de l'identité et de l'attractivité des chaînes. Cela pourrait être en particulier le cas pour la série Plus Belle la Vie sur France 3, dont les droits seront renégociés l'an prochain, et qui, sans l'investissement et l'engagement de France Télévisions, n'aurait pourtant jamais pu exister.

Il serait paradoxal et incongru que France Télévisions, dont les liens avec le groupe Newen sont importants en termes de production de programmes et de séries, se retrouve dans une situation de dépendance avérée avec un producteur appartenant au principal groupe de télévision privé.

Face à l'ouverture de ces négociations pour le rachat de Newen par TF1, dénoncée à juste titre par France Télévisions, la SACD demande aux pouvoirs publics et à la ministre de la Culture et de la Communication de se saisir sans tarder du problème afin que le blocage des projets et des développements pris en charge par Newen pour France Télévisions ne nuise ni à la continuité de la création ni à la situation des auteurs.


Il est aussi indispensable que le ministère de la Culture et de la Communication agisse en tutelle responsable pour soutenir France Télévisions. Car la consolidation de la production audiovisuelle, qui pourrait aussi avoir des effets néfastes sur la diversité de la création, ne doit pas aboutir à fragiliser un service public, dont chacun sait qu'il reste le premier financeur de la création française et dont l'utilisation des deniers publics et de la contribution à l'audiovisuel public se doit d'être exemplaire.

Elle demande enfin au gouvernement de tirer toutes les conséquences législatives et réglementaires de cette situation. Dans un tel contexte de recomposition de la production audiovisuelle, l'encadrement des relations entre diffuseurs et producteurs semble désormais dépassé, voire obsolète.

Au cœur des nouvelles régulations à mettre en place, la SACD considère que doivent nécessairement y figurer : la garantie d’une pleine propriété pour France Télévisions des droits sur les œuvres qu’il finance de façon significative ; un renforcement de la transparence des producteurs à l'égard de leurs partenaires, dans le cadre des contrats et des relations qu'ils ont avec les chaînes de télévisions comme dans les relations contractuelles qui les lient aux auteurs.