Audiovisuel 01 sep 2022

La SACD réaffirme son soutien à la fusion TF1-M6

A quelques jours de nouvelles auditions par l’Autorité de la Concurrence concernant le projet de fusion entre TF1 et M6, la SACD réaffirme son entier soutien à la réussite de ce rapprochement entre les deux groupes audiovisuels.

Alors que des auditions par l’Autorité de la Concurrence concernant le projet de fusion entre TF1 et M6 vont débuter le 5 septembre, la SACD souhaite rappeler son entier soutien à la réussite de ce rapprochement entre les deux groupes audiovisuels. L’émergence d’un groupe privé puissant à même de proposer une offre gratuite de qualité aux téléspectateurs et d’investir dans la création patrimoniale est une réponse nécessaire et urgente aux nouvelles concurrences numériques. 

Le monde audiovisuel et numérique a changé et continue de changer très vite. Aujourd’hui, le marché de la télévision gratuite, matérialisé par l’accès à des vidéos financées par la publicité, et les plateformes digitales donnant un accès gratuit à des contenus vidéos sont en concurrence directe. Les consommateurs font des arbitrages de temps entre télévision gratuite et plateformes. Certains programmes peuvent d’ailleurs être regardés indifféremment sur l’une ou l’autre de ces offres. Sur le marché publicitaire, qui représente l’essentiel de leur chiffre d’affaires, les annonceurs procèdent à des arbitrages entre les deux dans leurs plans de médias. La concurrence est incontestable. Par ailleurs, la disparition progressive des frontières entre offre gratuite et offre payante, et entre offre linéaire et non linéaire, est également une donnée avérée qui rebat les cartes du paysage audiovisuel et des concurrences qui s’y exercent. 

Dans son examen des effets de la fusion TF1-M6 sur la concurrence, l’Autorité doit en tirer toutes les conséquences pour analyser le marché publicitaire pertinent. Le restreindre au seul périmètre de la télévision gratuite et en rester aux réalités d’hier serait une lourde erreur d’analyse, infondée économiquement. À l’heure où des opérateurs mondiaux comme TikTok, Instagram, YouTube ou Facebook mettent à la disposition du public, et notamment du jeune public toujours plus nombreux et captif, des programmes audiovisuels qui génèrent des recettes publicitaires substantielles, il est urgent de changer de focale.

Plateformes numériques, médias et réseaux sociaux, télévision gratuite : ces différents marchés sont désormais « substituables », pour reprendre un terme de droit de la concurrence, en particulier sur certaines cibles publicitaires pour lesquelles la concurrence est déjà active entre tous ces services. Une récente étude de l’OFCOM en Grande-Bretagne a d’ailleurs montré que les jeunes Anglais regardaient davantage TikTok que leurs chaînes de télévision. De leur côté, les jeunes Français de 18-34 ans passent en moyenne 47 minutes sur YouTube contre 26 minutes sur TF1. 

L’Autorité ne devra pas non plus écarter l’impact du lancement prochain d’offres de vidéo à la demande par abonnement par Netflix et prochainement par Disney+ qui coupleront abonnement et publicité. Elles apporteront également une nouvelle concurrence puissante pour la perception des recettes publicitaires des chaînes privées. 

Tenir compte de ce nouvel environnement est évidemment indispensable, sauf à vouloir renforcer les seuls géants mondiaux américains et chinois dont la capacité à capter les recettes publicitaires et à conserver pour leurs seuls abonnés payants ou services gratuits les programmes et œuvres les plus attractives fait planer le risque d’une fragilisation rapide des opérateurs audiovisuels français, et en particulier de TF1 et de M6, soutiens traditionnels et historiques de la création française. 

Mais, la validation de la fusion serait également conforme aux deux missions essentielles fixées à l’Autorité de la Concurrence par la loi : garantir la compétitivité des entreprises ; être au service du consommateur.

En effet, dans ce contexte de plus en plus concurrentiel, la fusion proposée par le groupe TF1 assurerait le maintien d’un groupe audiovisuel fort et compétitif avec des centres de décision dans la création restant en France. Par ailleurs, en complément de la cession future des chaînes TFX et 6Ter, les engagements pris par TF1 et M6 pour éviter d’éventuelles entraves à la concurrence, notamment en séparant les régies publicitaires ou en limitant la diffusion d’un même film sur ses antennes, constituent des engagements sérieux et crédibles. 

Une opposition de l’Autorité de la Concurrence à cette fusion ou l’ajout de mesures complémentaires exorbitantes risquerait d’entraver la capacité du nouveau groupe à être un acteur solide dans un paysage, celui de la publicité comme celui de l’offre de services audiovisuels gratuits, dans lequel la taille réduite des acteurs nationaux constitue inévitablement une faiblesse. 

Elle serait enfin en profonde contradiction avec l’intérêt des consommateurs et des téléspectateurs dont l’accès gratuit à des offres de programmes audiovisuels et cinématographiques premium pourrait alors être remis en cause au profit d’offres payantes et segmentées. L’Autorité de la Concurrence ne doit pas se limiter à prendre en compte les seuls intérêts des fournisseurs et des clients des chaînes gratuites de télévision en oubliant les téléspectateurs français qui pourraient être grandement bénéficiaires des effets de cette fusion.