Radio 26 jan 2017

Hommage à Claire Kheitmi

Sophie Loubière, administratrice déléguée à la Radio de la SACD, salue la mémoire de l'autrice disparue, qui fut aussi directrice de l'Atelier Création Fiction de France Bleu à Paris.

La vraie richesse est discrète.

Difficile de trouver plus juste citation pour évoquer la mémoire de Claire Kheitmi. Elle possédait en elle de vrais trésors dont elle révélait peu la nature, non par manque de générosité mais par une sorte de pudeur ardente.

D’abord, son immense culture, son amour des livres et des auteurs, et ce besoin irascible de questionner le principe même de création, d’y puiser enseignements et connaissances.

Ses traits d’humour, ensuite. Difficile d’imaginer le visage de Claire sans ce sourire qui donnait à sa voix la douceur de la soie, un velouté velours.

Son exigence, dont on devinait vite qu’elle en avait en pagaille si par chance on travaillait avec elle.

C’est sur Les Petits Polars de France Bleu que nous nous sommes rencontrées et reconnues dans nos passions. Je découvrais le visage radieux de Claire avec le nouveau millénaire. Jusqu’à mon départ de Radio France, nous n’avons jamais cessé nos échanges, même s’il y avait peu matière à parler boulot, bien que Claire chercha toujours à m’associer à ses projets. Nous évoquions parfois sa maladie - son combat. Dans ces instants, je l’imaginais tel un dompteur, tenant à côté d’elle un tigre prêt à la dévorer au moindre faux pas.

La bête aura bondi un jour froid de l’hiver, mordant son cœur las et brûlant de longues années de lutte.

Nombreux sont les auteurs, musiciens, comédiens, artistes et gens de radio qui auront eu le bonheur de travailler avec elle, comme les Chevaliers du Fiel dont elle produisait la chronique quotidienne sur France Bleu.

Il n’y aura jamais assez de fleurs.

Jamais assez d’amis autour d’elle.

La discrétion est une vertu silencieuse.

C’est dans ce silence, cet immense respect, qu’au nom de tous, je salue la mémoire d’une grande professionnelle de la radio dont le talent n’avait d’égal que sa modestie.

Sophie Loubière