Télévision 17 oct 2017

Boulevard des séries, au cœur de la fabrique américaine des séries

Retour sur les échange entre une dizaine d’auteurs français et des acteurs majeurs de l'industrie télévisée américaine.

Au mois de juin dernier, une dizaine d'auteurs et autrices de série français.es a ainsi été conviée par la SACD, l'Institut français et le Bureau des industries culturelles et créatives du consulat général de France à Los Angeles, à se rendre aux Etats-Unis à la rencontre de représentants des différents corps de métier de l'industrie de séries locale. Invités à partager leur expérience à la Maison des Auteurs-SACD le 4 octobre, les participants ont fait part de leur enthousiasme.

Au menu du déplacement à Los Angeles et Denver : des échanges avec des scénaristes, des réalisateurs, des producteurs, des organisations syndicales (WGA et DGA) et des dirigeants de chaîne et de studio (Amazon, HBO, Netflix, Paramount...). La délégation française était constituée de : Antoine Chevrollier (réalisateur - Le Bureau des légendes), Mathieu Demy (réalisateur - Le Bureau des légendes), Olivier Guignard (réalisateur - Transferts, Un village français), Antoine Lacomblez (scénariste - Manon, 20 ans), Sophie Lebarbier (scénariste - Profilage), Elsa Marpeau (scénariste - Capitaine Marleau, Candice, Odysséus), Colin Niel (auteur), Fanny Robert (scénariste - Profilage) et Claude Scasso (scénariste - Transferts).

Une synthèse très complète a été rédigée par les participants, à consulter sur votre espace personnel. 

Consulter le compte-rendu de l'opération

Des envies de projets en français... 

De gauche à droite : Antoine Lacomblez, Elsa Marpeau, Fanny Robert, Sophie Lebarbier, Olivier Guignard, Claude Scasso, Marie-Pierre Thomas, Laurent Lévy

A la Maison des Auteurs de la SACD le 4 octobre, six des participants sont revenus sur cette expérience en compagnie des coprésidents de la commission Télévision de la SACD, Marie-Pierre Thomas et Laurent Lévy, également du voyage aux Etats-Unis. Tous le reconnaissent, avec "Boulevard des séries", c'est une opération exceptionnelle et très galvanisante à laquelle ils ont participé. Car ce qu'ils ont découvert sur place, c'est une industrie en pleine ouverture sur le monde et que le marché français et ses auteurs ne laissent pas indifférent. Au contraire. Les studios et chaînes américaines sont clairement à la recherche de projets de séries françaises.

Fanny Robert : "Pour la première fois de leur histoire, ils ont besoin de nous. Et ils ont envie de projets en français, il n'y a  même plus la barrière de la la langue."

Claude Scasso : "Netflix et Amazon s'installent sur le marché français et ont besoin de contenus nationaux. Ils veulent faire 4 à 6 séries par an ici et avec des budgets de série américaine qui plus est."

Antoine Lacomblez : "Ils nous ont dit qu'ils attendaient nos projets, qu'ils espèrent qu'on sortira des sentiers battus et qu'ils veulent produire vite. C'est un langage qu'on entend peu dans nos chaînes de télé." 

Il a néanmoins fallu dissiper auprès des interlocuteurs américains, certains mythes sur les conditions de production en France. Les idées reçues ont la peau dure sur le financement public et le prétendu interventionnisme étatique sur les contenus qui en découlerait, sur le droit du travail et ses répercussions supposées sur les conditions de tournage, ou encore sur le droit d'auteur. 

... pour le public français

Bien sûr, il ne s'agissait pas pour nos intervenants d'être naïfs sur le discours extrêment bienveillant tenu par ces commanditaires américains potentiels.

Claude Scasso : "Nous avons eu droit au discours de séduction. Les difficultés viendront quand on parlera contrats."

Elsa Marpeau : "Amazon dit vouloir des choses pointues, du haut de gamme. Mais il ne faut pas que la liberté artistique promise se monnaye avec un prix de l'épisode au rabais."

Aux Etats-Unis, les scénaristes et réalisateurs sont organisés collectivement dans des guildes très puissantes qui les placent en bonne position pour négocier avec les chaînes et avec les studios. La vigilance est de mise pour les projets qui seront commandés en France. Pour signer avec une chaîne ou un studio, il faut impérativement un producteur, mais les Américains ont coutume d'appeler directement les auteurs. Le choix du producteur se fait a posteriori.

Concernant les projets recherchés par leurs interlocuteurs,  il ne faut pas avoir peur de s'adresser à des cibles pointues.

Fanny Robert : "Les séries de networks qui parlent à tous n'existent plus. C'est de l'ultra-niche qu'ils recherchent."

Claude Scasso : "Pour eux, la France est une niche. Ils attendent des séries qu'on ne voit pas sur nos chaînes. Ils veulent de l'inédit, mais quand même capable de parler à notre public."

Fanny Robert : "Ils connaissent parfaitement le marché français. Ils ne sont pas là pour rigoler."